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Arjowiggins sur un fil, un millier d'emplois menacés
Source: lepoint.fr publié le 16/02/2019
Imaginons Airbus quitter Toulouse ou Michelin déserter Clermont-Ferrand. L'impact serait terrible pour les deux villes. Il serait pourtant plus faible, en proportion, que si Arjowiggins quittait Bessé-sur-Braye. L'usine, l'une des trois du groupe Arjowiggins à être placées en redressement judiciaire, compte aujourd'hui 572 salariés ; la commune qui abrite le site, Bessé-sur-Braye, dans la Sarthe, recense quelque 2 000 habitants. Plus d'un quart de sa population est donc constituée de salariés d'« Arjo », comme on appelle ici l'usine. Évidemment, la réalité est plus nuancée. Tous les salariés, en grande partie des ouvriers, n'habitent pas dans la commune sarthoise. Mais c'est peut-être encore pire : si l'usine devait fermer, toute la région serait touchée, jusqu'au Loir-et-Cher tout proche. Les commerces, les écoles et toute la culture locale en seraient affectés : la papeterie de Bessé-sur-Braye existe depuis... 1823.
Comme les sites de Château-Thierry (Aisne) et de Saint-Mars-la-Brière (Sarthe), l'usine de Bessé a pris de plein fouet un double mouvement : un marché, celui du papier, qui ralentit, et un coût de la matière première qui s'envole. Après plusieurs restructurations, notamment en 2014, le groupe Arjowiggins avait relevé la tête, dégageant même un cash flow positif en 2017. Mais la hausse récente des coûts, dont celui de la pâte à papier, a conduit Sequana, la maison-mère d'Arjowiggins, à serrer la vis. La société a ainsi vendu plusieurs sites, tel celui de Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne), qui fabrique du papier sécurisé (billets de banque, cartes grises, etc.). En janvier, c'est au tour des trois usines de la Sarthe et de l'Aisne d'être placées en redressement judiciaire. Après plusieurs années difficiles, les ouvriers de Bessé-sur-Braye pensaient avoir trouvé la parade en se spécialisant dans le papier recyclé, qui occupe désormais 80 % de l'activité. L'actionnaire ne l'a pas entendu de cette oreille.
Les sites d'Arjowiggins intéressent pourtant quelques repreneurs. L'année dernière, un investisseur avait monté un dossier, avant de reculer en décembre. Deux dossiers restent en course. L'un est porté par plusieurs dirigeants d'Arjowiggins. Il nécessite quarante millions d'euros pour assurer, notamment, la trésorerie, et envisage le maintien de 300 emplois. L'ennui, c'est qu'en février, les promoteurs de ce plan de reprise ont voulu tout laisser tomber. L'administrateur judiciaire leur a signifié que ce n'était pas possible en cours de procédure ; le plan est donc toujours viable, mais plutôt affaibli...
Un deuxième plan porte les espoirs de Pascale Fontenel-Personne, la députée (LREM) de la circonscription de Bessé-sur-Braye. Proche d'Emmanuel Macron, elle se bat pour trouver une solution pour le site, ainsi que pour celui, tout proche, de Saint-Mars-la-Brière. Ce projet émane de la société scandinave THLF, déjà présente sur le marché du papier, et propose de spécialiser le site de Bessé dans le papier recyclé, un créneau prometteur. Un peu moins coûteux que le précédent, ce plan nécessite un investissement de 30 millions d'euros (8 millions seraient déjà sur la table). Il promet de garder 400 salariés, ce qui limiterait la casse grâce à la mise en œuvre de procédures de pré-retraites, entre autres.
Visiblement intéressé par ce plan, l'administrateur judiciaire encourage une reprise commune avec le site de Saint-Mars-la-Brière, qui réalise 40 % de son chiffre d'affaires avec Bessé. Les dossiers doivent être déposés au plus tard le 1er mars ; le tribunal, qui a déjà retardé la procédure en signe d'encouragement, rendra sa décision le 6 mars. Ce jour-là, un millier de salariés seront aux aguets. Et toute une région, de la Sarthe au Loir-et-Cher.