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Comment les papetiers veulent cartonner

Source: L’usine nouvelle - Publié le 06/07/2020


Confrontée au déclin des journaux, magazines et catalogues, la filière papier se restructure. Alors que certains sites ferment, d’autres se diversifient, voire se convertissent.

Coup dur pour le secteur l’usine papetière UPM Chapelle Darblay de Grand-Couronne (Seine-Maritime), née en 1927, fermera cet été après que le dernier candidat à sa reprise, VPK Packaging, a jeté l’éponge. Seul espoir pour les salariés, le maintien de l’outil industriel laisse la possibilité à un acteur du recyclage de se positionner sur la fabrication de pâte ou de fibres, pour des applications dans l’emballage, la cellulose pour l’isolation… Car si la consommation de papiers graphiques chute de 5 % à 8 % par an, la filière veut croire à un avenir. Et l’avenir est dans les cartons.

Selon la Copacel – l’Union française des papiers, cartons et celluloses –, en 2019, l’emballage a représenté 60,9 % de la production française de papiers-cartons (45,9 % en 2000). Burgo en Italie, Kipas en Turquie, Hamburger et Progroup en Allemagne et Mondi en Slovaquie doivent démarrer en 2020 des lignes de papier pour ondulé.

En France, la diversification qu’espéraient les salariés d’UPM à Grand-Couronne, ce sont ceux de Norske Skog Golbey (Vosges) qui en bénéficieront. Entre 2021 et 2023, le norvégien prévoit d’investir 250 millions d’euros pour convertir la PM1, l’une des deux machines à papier journal du site, au papier-carton. Celle-ci passerait d’une capacité de 235 000 tonnes de papier journal à 555 000 tonnes de papier d’emballage 100 % recyclé. Le site vosgien, qui bénéficiera en outre de 230 millions d’euros d’investissements dans une nouvelle chaudière biomasse à cogénération, emploie 325 personnes et pourrait se renforcer à terme de 25 à 100 postes supplémentaires. Pour 90 millions d’euros supplémentaires, Norske Skog convertira également au carton son site de Bruck, en Autriche. Au terme de cette restructuration, la capacité de production en papier journal du groupe sera réduite de 360 000 tonnes. Mais Norske Skog Golbey achètera le même volume de papiers à recycler qu’auparavant, puisque la seconde ligne de Golbey, qui date de 1999, passera au 100 % recyclé pour répondre à la demande et aux scolytes qui réduisent l’offre de pâte vierge.

Un impact sur la filière recyclage…

L’usine de Golbey consommera 450 000 tonnes de vieux papiers (principalement des papiers graphiques triés pour désencrage) et 550 000 tonnes de caisses en carton usagées. Une bonne nouvelle pour les entreprises du tri et de la collecte. La situation est plus préoccupante pour les brochures (magazines et imprimés publicitaires), dont UPM Chapelle Darblay était l’un des principaux acheteurs. Avec sa fermeture, la France va perdre 380 000 tonnes de capacité de recyclage de papiers-cartons, soit le volume que trient en moyenne 24 millions de personnes. "En plus de l’impact social, du drame économique pour la région, cela prive la filière d’un exutoire majeur pour les papiers journaux récupérés ", s’inquiète Pascal Genneviève, le président de la branche papier-carton de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec).

"Le marché du papier à recycler, sur lequel nous avions investi, est devenu beaucoup plus difficile depuis que la Chine n’achète plus, estime Daniel Schwab, le vice-président chargé des ressources humaines et des projets spéciaux d’UPM. La part relative de Chapelle Darblay s’est renforcée, mais nous ne pouvons pas avoir la responsabilité du devenir de la filière en France." UPM, qui produisait 240 000 tonnes annuelles, a pâti de la baisse structurelle de la vente de magazines, aggravée par le Covid-19 et la faillite du distributeur Presstalis. "Face au repli de la consommation des papiers graphiques, les entreprises papetières sont amenées à réduire périodiquement leurs capacités de production, ce qui se traduit par des fermetures d’usines, des arrêts de machines ou des conversions de sites vers d’autres sortes", commente la Copacel.

… déjà en surplus structurel

En 2019, la fermeture de trois sites d’Arjowiggins avait déjà réduit les capacités de valorisation des papiers et cartons à recycler, un marché structurellement déséquilibré. En 2018, sur les 7 millions de tonnes collectées en France, seules 5,4 Mt étaient consommées. Le reste est exporté à bas prix, voire incinéré ou enfoui. Sur les seules sortes à désencrer, les papeteries implantées en France consommaient annuellement 701 000 tonnes, laissant un excédent de 758 000 tonnes, auxquelles s’ajouteront les volumes consommés jusqu’ici à Chapelle Darblay. Fin 2019, les stocks des centres de tri débordaient, faute de débouchés. La réduction de la collecte pendant le confinement les a résorbés momentanément. Avec la reprise, "on risque de revenir à la situation antérieure", s’alarme Gabriel Langlois, le directeur des achats de papiers récupérés de Norske Skog Golbey.

Les regards se tournent vers la Chine, qui a longtemps acheté ces excédents avant de fermer ses frontières, en exigeant des taux d’impuretés bien inférieurs à ceux acceptés en Europe. Une occasion de relocaliser la transformation intermédiaire sur les sites des papetiers. "Au lieu d’envoyer du carton récupéré, on leur enverrait des bobines, un rêve que je partage avec d’autres depuis longtemps", observe Pascal Genneviève. Mais qui se heurte à la compétitivité en termes de prix et de délais d’acheminement de la Malaisie, du Vietnam et de la Corée.
PMI revitalise un ancien site Arjowigginss

Un an après la mise en liquidation judiciaire de sa maison mère Sequana, l’usine Arjowiggins de Bessé-sur-Braye (Sarthe) sera ressuscitée par Paper Mills Industries (PMI). Filiale du groupe canadien Dottori, PMI «?prévoit d’embaucher environ 240 personnes d’ici à 2025 et s’engage à proposer ces emplois en priorité aux anciens salariés?», selon les mandataires. L’usine employait 566 personnes avant sa fermeture. «?La revitalisation du site repose sur plusieurs projets?: activité bois, recyclage de fibres textiles, production de papier durable, d’art et de sécurité?». PMI entend aussi créer un incubateur pour permettre à des start-up d’y développer leurs projets et d’y industrialiser leurs innovations. Fondée en 1824, l’usine sarthoise produisait des papiers graphiques, transfert, laminés et des étiquettes. Le papier pour cartes à jouer représentait 10?% des 250?000 tonnes produites. Également dans la Sarthe, la papeterie Arjowiggins du Bourray a été reprise par l’industriel des arts de la table CGMP, tandis que l’usine Greenfield de Château-Thierry (Aisne) est tombée dans l’escarcelle du papetier Wepa.

Une filière en repli

  •     10 949 salariés en 2019 (-?8,6?% par rapport à 2018)
  •     7,3 millions de tonnes de papier-carton produites (-?7?%)
  •     84 sites de production en 2019