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L’ogre de la soi-disant « dématérialisation » conte le papier poursuit son chemin silencieux

Source: wosides.fr - janlemoux mars 20, 2024

Nous l’avions précédemment rappelé : la « dématérialisation » n’existe pas. Cet abus de langage continue pourtant de prospérer. Pour le plus grand bien du secteur du numérique, mais pour le plus grand mal de la planète.

Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est l’inertie avec laquelle les pouvoirs publics considèrent ce sujet, malgré les signaux de moins en moins faibles remontant jusqu’au niveau du débat public. Au mieux, aujourd’hui, il nous est proposé par nos parlementaires de faire en sorte que le numérique soit « responsable ». L’actualité nous montre que ce n’est pas possible.

C’est acquis, plus personne n’y échappe : dès lors que vous souscrivez un contrat d’électricité, d’assurance, de téléphonie, s’il vous arrive de chercher un travail, vos données sont stockées, pour longtemps. Il n’y a plus une enseigne du commerce qui ne propose une carte de fidélité qui conservera l’historique de vos achats. Et l’actualité ne manque pas, chaque mois, de nous signaler le « hacking » qui aura concerné telle administration ou telle grande marque. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que, dans l’étude Toluna réalisée pour le compte de Two Sides en 2023, 66% des personnes interrogées indiquent être de plus en plus préoccupées par le fait que leurs informations personnelles détenues par voie électronique risquent d’être piratées, volées, perdues ou endommagées.

Cette réalité quotidienne est le symptôme d’un sujet essentiel, ignoré de nos décideurs : la croissance exponentielle des besoins en ressources pour alimenter ce monde alternatif numérique. L’Arcep et l’ADEME nous l’indiquaient récemment : à l’horizon 2050, si rien n’est fait, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler par rapport à 2020. Au quotidien, cela se traduit par un recours croissant aux supports nécessitant des données, l’explosion des vidéos utilisées sur les réseaux sociaux… que l’on retrouve notamment pour la promotion des catalogues publicitaires que les enseignes de distribution ont voulu numériser.

Un article d’Arrêt sur image illustre ce sujet en évoquant la multiplication affolante des data centers. Disponibles en permanence pour accéder aux données qu’ils contiennent, au prix d’un câblage complet de la planète, leur consommation d’énergie n’a plus rien d’anecdotique. L’Etat de Virginie, aux États-Unis, en est la capitale. « Le fournisseur de la région, n’arrive pas à suivre l’augmentation de la demande : en 2022, le réseau a fourni 2,8 gigawatts d’électricité aux data centers, a flirté 80 fois avec la saturation, et a dû mettre en pause les demandes de raccordement pendant trois mois. […] Et le problème va encore s’aggraver, puisque Dominion affirme avoir déjà signé des contrats qui doubleront la consommation d’électricité de la région d’ici 2028. »

A ce rythme, toute quantification des impacts environnementaux du numérique, indispensable pour établir les politiques publiques, notamment par comparaison avec des alternatives papier, sera toujours nettement en retard sur la réalité. Comment prendre de bonnes décisions publiques ?

L’énergie n’est pas la seule ressource qui mise sous tension. L’actualité nous parle ainsi de la ruée sur le cuivre. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe en effet une explosion de 40 % d’ici à 2040 de la demande mondiale. « Le métal rouge est d’autant plus convoité que la capacité de production et l’ouverture de nouvelles mines ne parviennent pas à couvrir l’explosion de la demande mondiale », nous dit Le Monde. Autre cas, le lithium, avec des conséquences chez nous : Le Monde, toujours, évoque un colossal projet de mine de lithium en Auvergne qui divise la population, laquelle craint un impact sur les sols et l’accès à l’eau.

Les besoins de l’ogre de la « dématérialisation » sont donc bien physiques. Ils auront des conséquences très réelles sur nos vies quotidiennes. Pourquoi, dans ce cas, ne pas dépasser le sujet du numérique responsable, et considérer les modes de communication alternatifs, qui ont fait leur preuve ?