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Papeteries de vizille?: un modèle d’industrie écologique

Source :caractere.net publié le 24 octobre 2024



Ce producteur se diversifie en ciblant le haut de gamme dans quatre marchés principaux.

A une vingtaine de kilomètres seulement de Grenoble, dans l’Isère, les Papeteries de Vizille, où travaillent 175 personnes, fabriquent du papier depuis l’an de grâce 1596?! La commune de Vizille s’étire le long d’une petite vallée, en bordure de la Romanche. L’endroit était propice au tracé de canaux qui procuraient l’énergie aux moulins et aux autres industries manufacturées de l’époque. L’un de ces canaux traverse toujours le site de l’usine de la papeterie et le fournit en énergie verte grâce à deux turbines hydroélectriques. «Pour faire du papier?», explique Pierre Bonnet, directeur général des Papeteries de Vizille, «?il faut du bois, de l’eau et de l’énergie. C’est pourquoi le département de l’Isère est resté très longtemps un territoire papetier d’excellence grâce à ses forêts et à ses torrents et rivières, cette énergie hydraulique appelée houille blanche.?» Il y a seulement trois décennies, les Papeteries de Vizille étaient l’une des vingt usines de papier du département, qui comptait à lui seul pas moins de 29 machines à papier. Il n’en reste aujourd’hui plus que quatre en activité.
Les Papeteries de Vizille produisent pour 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, réalisés pour les deux tiers par la production papetière (environ 30?000 tonnes annuelles), et pour le tiers restant par l’activité de sacherie industrielle (60 millions de sacs). L’unique machine à papier de l’usine produit, à partir de pâte marchande achetée pour l’essentiel en France, des papiers pour l’édition haut de gamme et le packaging de luxe, pour les industries du bâtiment et pour l’emballage alimentaire. Pour chacun de ces segments, le rôle du service de recherche et développement (R&D) est essentiel. Pour l’édition, par exemple, qui représente un de leur marché historique, les Papeteries de Vizille sont en mesure de répondre à des besoins spécifiques. Elles produisent notamment des papiers bouffants, teintés ou non, pour la plupart des éditeurs français, ainsi que du papier offset supérieur (non couché). Certaines maisons d’édition, comme Gallimard, leur passent commande de papiers spécifiquement liés à une collection particulière. La demande dans ce segment de marché étant structurellement déclinante, les Papeteries de Vizille ont lancé, il y a deux ans, pour se diversifier, une nouvelle offre à destination de l’édition et du packaging de luxe. Le LuxBook, émanation de la gamme DeLux Collection, a notamment servi à l’impression du numéro d’été de Caractère.

Une production haut de gamme

La personnalisation de la fabrication peut être poussée très loin. Pour les mémoires du président Obama, publiées par Fayard (Hachette Livre), la problématique était, par exemple, de respecter une tolérance d’épaisseur extrêmement faible, du fait des 818 pages que comporte l’ouvrage. Pour la publication du beau livre 365 du chef étoilé Christophe Aribert, les Papeteries de Vizille ont développé un papier pour répondre aux souhaits du chef en matière de teinte et de toucher. «?Le restaurant, la Maison Aribert, est situé à Uriage-les-Bains?», raconte Pierre Bonnet. «?Dans un rayon de 10 km, on trouve le fabricant du papier du livre, son imprimeur, la Manufacture d’histoires Deux-Ponts, et même sa diffusion, puisque Christophe Aribert distribue lui-même ce livre exceptionnel.?» Il va sans dire que la stratégie commerciale de la papeterie ne peut s’appuyer exclusivement sur ce genre d’événement et de développement spécifique. «?Mais, quand une opportunité s’y prête, nous savons y répondre?», précise Pierre Bonnet.

Des marchés de niche

Les Papeteries de Vizille misent avant tout pour se développer sur des marchés de spécialités à haute valeur ajoutée. Ainsi, la nouvelle gamme DeLux Collection est une offre complète de papiers et cartes non couchés, dédiée au marché du luxe. Elle est la réponse à la recherche d’authenticité et de retour à la nature que poursuivent les marques pour la réalisation de leurs étuis, coffrets, cartes à parfum, édition,?etc.
Par ailleurs, la recherche d’alternatives au plastique pour la fabrication des emballages alimentaires est un véritable bouleversement et une opportunité que la papeterie a su saisir en lançant, cette année, la gamme innovante Pure. Il s’agit, là aussi, d’un marché historique des Papeteries de Vizille, qui possèdent une véritable compétence en matière de papier résistant à la graisse et à l’humidité, dont sont friands les professionnels de la restauration rapide. Plus récemment, la papeterie a lancé un papier pour les pailles alimentaires, pailles qui, depuis janvier?2021, ne peuvent plus être fabriquées avec du plastique.
Le quatrième segment d’importance de la papeterie iséroise concerne le marché du papier pour documents sécurisés?: chèques bancaires, chèques-restaurants ou vacances, bulletins de vote filigranés, timbres officiels, passeports, visas, etc. Une production tournée essentiellement vers l’international. Sur ce segment particulier, le service R&D revêt naturellement une importance stratégique. La sécurisation peut se faire par simple filigrane ou, plus subtilement, en intégrant des fibres spécialement traitées ou des réactifs visant à protéger les documents des risques de contrefaçon.
On entend souvent, dans nos métiers, que l’industrie du papier est particulièrement méritante du point de vue de la préservation de l’environnement. En la matière, les Papeteries de Vizille sont un modèle du genre. L’eau, omniprésente dans le processus de fabrication, sert d’abord à libérer les fibres de la pâte à papier, à travers un pulpeur et un raffineur. Elle convoie ensuite ces fibres tout au long de la ligne de fabrication. Dans la caisse de tête, où se forme le matelas fibreux, les fibres sont orientées selon les caractéristiques mécaniques que l’on veut donner au papier. L’eau permet alors de recréer les liaisons d’hydrogènes entre les fibres pour les rassembler selon un procédé tout à fait naturel. Puis vient l’étape de la formation de la feuille. Partant d’une émulsion qui contient 96 ou 97?% d’eau, on arrive à un papier qui n’en contient plus que 5 à 6?%?! Pendant que les presses travaillent l’orientation des fibres, on fait le vide sous elles pour commencer à aspirer l’eau. Puis le papier défile à travers un nombre impressionnant de rouleaux chauffés par de la vapeur, ce qui l’assèche progressivement.

Une empreinte écologique réduite

L’eau est alors récupérée et traitée à travers une station d’épuration de deux niveaux, l’un physico-chimique, l’autre biologique, à l’image de ce qui se fait pour la récupération des eaux usées dans les collectivités, avant d’être reversée dans la Romanche. Entre 2018 et 2022, grâce notamment au raccourcissement des circuits de rinçage, les prélèvements en eau se sont contractés de – 40?%. Le réseau de vapeur est lui aussi optimisé. Au contact du papier chargé d’eau et des rouleaux chauffés, une partie de l’eau s’évapore. Cette vapeur, et l’énergie qu’elle contient, est récupérée et valorisée notamment pour chauffer l’eau utilisée en amont dans le processus de production. Entre le prélèvement et la restitution, seul un petit pourcentage d’eau est ainsi réellement consommé. L’énergie nécessaire à la production de vapeur et au fonctionnement des machines est produite pour partie par une chaudière biomasse alimentée par des copeaux de bois, non valorisables ni en bois neuf ni pour l’industrie papetière. Elle provient également – fait assez rare – de la propre station hydroélectrique de l’usine, qui utilise l’énergie hydraulique du canal qui traverse son domaine. Au final, plus des deux tiers de l’énergie électrique consommée par les Papeteries de Vizille sont considérés comme renouvelables.