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Le géant industriel de caen le papetier hamelin restructure sa production : des emplois menacés ?

Source: actu.fr publié le 16 juin 2022 par Christophe Jacquet

Leader européen de la papeterie scolaire, le groupe Hamelin veut envoyer une part de son outil de production de Caen (Calvados) à l'étranger. Un projet incompris du personnel.


Le prix du papier de qualité supérieure a doublé en un an. Mais le groupe Hamelin, géant de la papeterie en Europe, exploitant, entre autres, la marque Oxford, ne semble pas souffrir exagérément de la crise des matières premières.

Plus fort, l’entreprise familiale fondée en 1864 à Caen (Calvados) n’est « absolument pas malmenée par le digital », assurait au Parisien son directeur général, Martial Ardant, en septembre 2021. Pourquoi ? « Grâce aux innovations des produits, la valeur du marché [du cahier scolaire] est même aujourd’hui en augmentation de 5 % », scandait-il lors de la dernière rentrée.

Un outil de production retiré de Caen
En interne, sur les chaînes de production à Hérouville-Saint-Clair, près du CHU de Caen, d’où sortent chaque année 100 millions d’articles pour l’école ou le bureau, le coût de ces innovations ne passe pas toujours très bien. En témoigne l’incompréhension d’une partie du personnel et des partenaires sociaux devant le dernier projet du groupe.

D’après un ouvrier, travaillant sur le site hérouvillais depuis 12 ans, Hamelin procéderait, par étapes, dès octobre 2022 à « la délocalisation de cinq machines en Allemagne, Espagne et Tunisie ». Cela, « parce que les produits fabriqués sur ces machines (blocs, cahiers de texte et agendas à spirale) ne sont pas assez consommés en France ».

Les intérimaires concernés
Conséquence, sur les 450 salariés de l’usine, ceux en CDI sur ces machines « datant de 15 ans » seraient déplacés sur d’autres, et les CDD et intérimaires seraient sacrifiés. Comme habituelle variable d’ajustement.

Une crainte confirmée par Thierry Tirard, délégué central Force Ouvrière (FO) chez Hamelin. « C’est un coup de masse », juge-t-il. « La direction du groupe Hamelin veut dégager tout ce qui relève de la reliure intégrale, des cahiers à spirale. Pratiquement tout l’atelier. » Lui monte à 7 le nombre de machines (pelliculeuse, mélangeuse, vernisseuse, etc) prêtes à partir à l’étranger, sur « 4 grosses lignes de production ».

Malgré plusieurs réunions d’expertise depuis la première annonce en novembre, « on ne comprend pas le projet, on est contre », avance Thierry Tirard. Une opposition centrée sur le sort réservé à une vingtaine d’intérimaires, pas repris en saison, alors que « certains sont à 2 ans de la retraite » et ont « 30 à 40 ans de carrière ».

Des subventions de la Région, pour quoi ?
Autre chose « fait mal aujourd’hui » au responsable syndical : « Le groupe Hamelin a eu des subventions de la Région Normandie pour l’achat de machines. » Autour de 500 000 € en 2021 selon lui. Thierry Tirard le reconnaît :

Comme ça, c’est un raccourci. Mais on pourrait dire que l’argent de la Région va à la délocalisation.

La direction du groupe, évidemment, « n’est pas d’accord » sur ce point. Les subventions touchées l’ont été « pour des machines mises en place au 2e semestre 2021 à Caen », précise Martial Ardant, « et qui y restent ». D’après le DG d’Hamelin, « beaucoup d’investissements ont été faits l’an dernier sur la partie impression et découpe ».

Hamelin se spécialise et se recentre en France
Une opération révélatrice. Pour lui, « il n’y a pas de projet de délocalisation, mais un projet de spécialisation du site de Caen ». À la clé, un recentrage sur le cœur de métier d’Hamelin, qui est aussi « la spécificité du marché français » : les blocs, feuillets et cahiers mobiles. À terme, le groupe « a décidé de spécialiser ainsi tous ses sites de production sur différents produits ».

En échange « des machines qui partent » – pas plus de 4 selon Martial Ardant, « nous allons faire revenir à Caen des volumes d’Allemagne et d’Espagne ». Pour autant, il le jure, « aucun plan social » n’est prévu.

Personne ne quitte l’entreprise. Il y a de la place pour tout le monde en CDI – des opérateurs, des conducteurs de ligne, etc.

Martial Ardant, directeur général France du groupe Hamelin
Quid des intérimaires ? S’ils représentent « une aide extérieure pour nous aider sur les pics saisonniers », se défend Martial Ardant, « leur nombre varie chaque année, ça dépend des volumes. Nous avons peu de visibilité ». Le déménagement à l’étranger des machines aura « probablement un impact, ça peut jouer ».

Il l’admet, « beaucoup d’intérimaires sont fidèles à l’entreprise ». Avant de conclure : « Pour eux, cela correspond à une fin de cycle. » Verdict à la prochaine rentrée scolaire.