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Dans le reportage « sur le front », hugo clément recycle les idées reçues sur le papier carton
Source: twosides
Contactés il y a plusieurs mois de cela par la rédaction de l’émission, les représentants de la filière du papier ont répondu à toutes les questions qui lui ont été posées par l'équipe d'Hugo Clément. Pourtant, de manière surprenante, France 5 a diffusé le 16 septembre une émission exclusivement à charge, sans nuance aucune, présentant des faits de manière ambigüe ou tronqués, et sans permettre au spectateur de réaliser la (faible) représentativité des chiffres mis en avant.
Le fil rouge de l’émission porte sur le sac en papier à propos desquels la rédaction s’interroge : « sont-ils bien fabriqués en matière recyclée ? » La filière avait naturellement expliqué à la journaliste que le sac était au contraire le plus souvent produit à partir de fibre vierge pour des raisons techniques, sans que cela représente pour autant un problème environnemental, faits et chiffres à l’appui.
Généraliser un exemple non représentatif, présenté de manière tronquée
Cette question posée par l’émission est donc un procédé bien étonnant, qui consiste à inventer un présupposé qui n’a jamais été revendiqué par la profession, pour prétendre mettre à jour une réalité qui n’a jamais été dissimulée. A plus forte raison, l’émission s’abstient de signaler au consommateur que le cas qu’elle a choisi représente moins de 3% des emballages en papier carton, et n’est en rien représentatif des tonnages prépondérants de la filière qui, eux, sont à plus de 90% produits en carton recyclé.
Ne pas donner au spectateur les moyens de comprendre les chiffres présentés
Dans la même logique, l’émission présente comme un chiffre massif, et choquant si l’on en croit la musique inquiétante choisie pour l’accompagner, le fait que 200 000 tonnes de vieux cartons partent au Vietnam. De fait, une large part des biens de consommation utilisés par les français ont été importés emballés depuis l’Asie. Bien que l’industrie ait toujours défendu le principe d’un recyclage de proximité, il n’y a rien d’étonnant à ce que du carton y retourne pour produire de nouveaux emballages de smartphones ou d’ordinateurs. Et malgré tout, la performance du recyclage dans notre pays fait que ces 200 000 tonnes ne représentent que 3% des vieux cartons qui ont été collectés en France. Est-ce par malchance ? L’émission est en tout cas passée à côté de la majorité des tonnages d’emballages en papier-carton, qui a plus de 90% sont recyclés en France et dans l’Union Européenne. Elle n’aura ainsi pas pu signaler au spectateur que cet export tellement décrié est en réalité ultra-minoritaire. Le choix de l’émission d’une déchetterie située à proximité d’un des plus grands ports français y est probablement pour quelque chose...
Présenter délibérément des faits de manière équivoque
Pour démontrer les méfaits du papier vierge produit en France, l’émission prétend ensuite vérifier que le bois utilisé par l’entreprise mise en avant proviendrait effectivement de coupes d’éclaircie. Le présentateur nous conduit alors sur le site d’une coupe rase, sans informer le spectateur de cette différence. L’émission donne ainsi par omission une information doublement fausse à ses spectateurs, qui ne pourront pas se rendre compte de la manœuvre : la rédaction suggère en effet par ce procédé que l’entreprise ment sur ses approvisionnements, et elle ne prévient pas non plus que les arbres de la parcelle montrée ont été orientés majoritairement vers d’autres usages que la production de papier.
De la même manière, une présentation à charge est faite d’une usine qui, à proximité, produit du papier recyclé. Suggérant que l’entreprise a refusé de les accueillir parce qu’elle aurait des choses à cacher, l’émission assène que le recyclage consomme énormément d’eau. En réalité, l’industrie papetière du recyclage n’est pas considérée comme une activité grande consommatrice d’eau, et l’émission aurait été avisée de rappeler que 90% de l’eau prélevée est restituée à l’environnement après traitement.
Un parti-pris de désinformer le spectateur
De fait, tout au long de l’émission, les indicateurs ou impacts environnementaux retenus sont choisis selon des critères flous, mais toujours opportuns pour alimenter le discours du présentateur. Le bilan carbone du gobelet carton est ainsi critiqué, sans que cet indicateur ne soit présenté pour le sac en papier vierge. Le résultat ne convenait-il pas à la rédaction ? La consommation d’eau du recyclage est également dénoncée, mais celle nécessaire au réemploi n’est pas questionnée. Pourquoi une telle omission ?
Les exemples de présentations approximatives ou ambigües pourraient ainsi être multipliés. La plus emblématique reste toutefois la promotion du réemploi faite par l’émission, comme solution à un gaspillage de ressources naturelles dénoncé pour la production de papier. Pourtant, à aucun moment ne seront évoqués les impacts environnementaux du réemploi. Une recherche sérieuse aurait permis à l’émission de trouver quelques rapports, car ce sujet a suscité un vif débat, à l’occasion du vote d’un très récent règlement européen sur les emballages. Ceux de l’ADEME par exemple, ou du Joint research center de la Commission Européenne, qui ont établi que, selon les secteurs, les matériaux, et les performances réelles (taux de recyclage, distances parcourues, nombre effectif de réutilisations…), le réemploi pouvait avoir des impacts environnementaux supérieurs à ceux du recyclage. Étonnant d’ailleurs, alors que l’émission dénonce quelques minutes auparavant l’utilisation d’eau pour le recyclage, de la voir mettre en avant le réemploi d’une caisse en plastique lavée à grande eau avant de passer dans un système de lavage utilisant à nouveau de l’eau et des produits chimiques. Etonnant aussi de voir la promotion de machines électroniques lourdes et complexes pour le nettoyage de quelques verres dans des bureaux sans vérifier le bénéfice environnemental de ce type d’alternative qui, contrairement à ce prétend l’émission, ne peuvent pas être mises en œuvre « sans endommager la nature ».
La filière de l’emballage en papier carton n’a jamais contesté la pertinence du choix entre le recyclage ou le réemploi, dès lors que le bilan environnemental prouve la supériorité de l’un ou de l’autre pour un usage donné. Mais aucune conclusion générale ne peut être tirée en faveur de l’un ou de l’autre, et elle aurait ainsi aimé retrouver de la mesure dans la présentation faite par une émission grand public qui se veut pédagogique. Avant de se focaliser sur des chiffres présentés comme massifs, mais en réalité minoritaires, il aurait été également assez juste de rappeler que, pour un des matériaux les plus utilisés dans l’emballage, près de 60% de l’énergie utilisée pour la production de papier provient d’énergies renouvelables, que le bois utilisé provient très majoritairement d’Europe et de forêts gérées durablement, qu’un taux de recyclage des emballages de presque 90% a été atteint, en avance sur les objectifs réglementaires, et que, n’en déplaise à Hugo Clément, l’emballage en papier carton constitue ainsi un exemple remarquable d’économie circulaire performante.
À propos de Two Sides
Two Sides est une initiative mondiale sans but lucratif qui informe sur la performance environnementale du papier et de l’imprimé. Les membres de Two Sides couvrent l'ensemble de sa chaîne de valeur : foresterie, pâte à papier, papier, encres, finition, édition, impression, enveloppes et opérateurs postaux. L'adhésion à Two Sides démontre l'engagement de ses adhérents pour l'environnement et leur volonté constante d'améliorer leurs pratiques.
Le fil rouge de l’émission porte sur le sac en papier à propos desquels la rédaction s’interroge : « sont-ils bien fabriqués en matière recyclée ? » La filière avait naturellement expliqué à la journaliste que le sac était au contraire le plus souvent produit à partir de fibre vierge pour des raisons techniques, sans que cela représente pour autant un problème environnemental, faits et chiffres à l’appui.
Généraliser un exemple non représentatif, présenté de manière tronquée
Cette question posée par l’émission est donc un procédé bien étonnant, qui consiste à inventer un présupposé qui n’a jamais été revendiqué par la profession, pour prétendre mettre à jour une réalité qui n’a jamais été dissimulée. A plus forte raison, l’émission s’abstient de signaler au consommateur que le cas qu’elle a choisi représente moins de 3% des emballages en papier carton, et n’est en rien représentatif des tonnages prépondérants de la filière qui, eux, sont à plus de 90% produits en carton recyclé.
Ne pas donner au spectateur les moyens de comprendre les chiffres présentés
Dans la même logique, l’émission présente comme un chiffre massif, et choquant si l’on en croit la musique inquiétante choisie pour l’accompagner, le fait que 200 000 tonnes de vieux cartons partent au Vietnam. De fait, une large part des biens de consommation utilisés par les français ont été importés emballés depuis l’Asie. Bien que l’industrie ait toujours défendu le principe d’un recyclage de proximité, il n’y a rien d’étonnant à ce que du carton y retourne pour produire de nouveaux emballages de smartphones ou d’ordinateurs. Et malgré tout, la performance du recyclage dans notre pays fait que ces 200 000 tonnes ne représentent que 3% des vieux cartons qui ont été collectés en France. Est-ce par malchance ? L’émission est en tout cas passée à côté de la majorité des tonnages d’emballages en papier-carton, qui a plus de 90% sont recyclés en France et dans l’Union Européenne. Elle n’aura ainsi pas pu signaler au spectateur que cet export tellement décrié est en réalité ultra-minoritaire. Le choix de l’émission d’une déchetterie située à proximité d’un des plus grands ports français y est probablement pour quelque chose...
Présenter délibérément des faits de manière équivoque
Pour démontrer les méfaits du papier vierge produit en France, l’émission prétend ensuite vérifier que le bois utilisé par l’entreprise mise en avant proviendrait effectivement de coupes d’éclaircie. Le présentateur nous conduit alors sur le site d’une coupe rase, sans informer le spectateur de cette différence. L’émission donne ainsi par omission une information doublement fausse à ses spectateurs, qui ne pourront pas se rendre compte de la manœuvre : la rédaction suggère en effet par ce procédé que l’entreprise ment sur ses approvisionnements, et elle ne prévient pas non plus que les arbres de la parcelle montrée ont été orientés majoritairement vers d’autres usages que la production de papier.
De la même manière, une présentation à charge est faite d’une usine qui, à proximité, produit du papier recyclé. Suggérant que l’entreprise a refusé de les accueillir parce qu’elle aurait des choses à cacher, l’émission assène que le recyclage consomme énormément d’eau. En réalité, l’industrie papetière du recyclage n’est pas considérée comme une activité grande consommatrice d’eau, et l’émission aurait été avisée de rappeler que 90% de l’eau prélevée est restituée à l’environnement après traitement.
Un parti-pris de désinformer le spectateur
De fait, tout au long de l’émission, les indicateurs ou impacts environnementaux retenus sont choisis selon des critères flous, mais toujours opportuns pour alimenter le discours du présentateur. Le bilan carbone du gobelet carton est ainsi critiqué, sans que cet indicateur ne soit présenté pour le sac en papier vierge. Le résultat ne convenait-il pas à la rédaction ? La consommation d’eau du recyclage est également dénoncée, mais celle nécessaire au réemploi n’est pas questionnée. Pourquoi une telle omission ?
Les exemples de présentations approximatives ou ambigües pourraient ainsi être multipliés. La plus emblématique reste toutefois la promotion du réemploi faite par l’émission, comme solution à un gaspillage de ressources naturelles dénoncé pour la production de papier. Pourtant, à aucun moment ne seront évoqués les impacts environnementaux du réemploi. Une recherche sérieuse aurait permis à l’émission de trouver quelques rapports, car ce sujet a suscité un vif débat, à l’occasion du vote d’un très récent règlement européen sur les emballages. Ceux de l’ADEME par exemple, ou du Joint research center de la Commission Européenne, qui ont établi que, selon les secteurs, les matériaux, et les performances réelles (taux de recyclage, distances parcourues, nombre effectif de réutilisations…), le réemploi pouvait avoir des impacts environnementaux supérieurs à ceux du recyclage. Étonnant d’ailleurs, alors que l’émission dénonce quelques minutes auparavant l’utilisation d’eau pour le recyclage, de la voir mettre en avant le réemploi d’une caisse en plastique lavée à grande eau avant de passer dans un système de lavage utilisant à nouveau de l’eau et des produits chimiques. Etonnant aussi de voir la promotion de machines électroniques lourdes et complexes pour le nettoyage de quelques verres dans des bureaux sans vérifier le bénéfice environnemental de ce type d’alternative qui, contrairement à ce prétend l’émission, ne peuvent pas être mises en œuvre « sans endommager la nature ».
La filière de l’emballage en papier carton n’a jamais contesté la pertinence du choix entre le recyclage ou le réemploi, dès lors que le bilan environnemental prouve la supériorité de l’un ou de l’autre pour un usage donné. Mais aucune conclusion générale ne peut être tirée en faveur de l’un ou de l’autre, et elle aurait ainsi aimé retrouver de la mesure dans la présentation faite par une émission grand public qui se veut pédagogique. Avant de se focaliser sur des chiffres présentés comme massifs, mais en réalité minoritaires, il aurait été également assez juste de rappeler que, pour un des matériaux les plus utilisés dans l’emballage, près de 60% de l’énergie utilisée pour la production de papier provient d’énergies renouvelables, que le bois utilisé provient très majoritairement d’Europe et de forêts gérées durablement, qu’un taux de recyclage des emballages de presque 90% a été atteint, en avance sur les objectifs réglementaires, et que, n’en déplaise à Hugo Clément, l’emballage en papier carton constitue ainsi un exemple remarquable d’économie circulaire performante.
À propos de Two Sides
Two Sides est une initiative mondiale sans but lucratif qui informe sur la performance environnementale du papier et de l’imprimé. Les membres de Two Sides couvrent l'ensemble de sa chaîne de valeur : foresterie, pâte à papier, papier, encres, finition, édition, impression, enveloppes et opérateurs postaux. L'adhésion à Two Sides démontre l'engagement de ses adhérents pour l'environnement et leur volonté constante d'améliorer leurs pratiques.